Enfant de la Lune

La soirée se passait plutôt bien, mais je notais que notre hôtesse virevoltait tout autour de nous et ne prenait nullement par au repas. Je lui fis donc la remarque
Dites moi ma chère, votre repas est exquis mais je ne vous ai point vu vous sustenter avec nous
Elle éclata de rire
Mon cher que vous êtes drôle à vous exprimer ainsi, quel ton solennel, ne vous inquiétez pas j’ai pour habitude de manger après, je suis beaucoup trop stressée, et je préfère participer à la discussion
Et elle enchaîna sur un autre sujet, cela me sembla curieux mais je n’insistais pas
Le repas se déroula normalement, le digestif aussi, les voix se firent murmure, les rires s’espacèrent, la soirée s’achevaient. Nous étions tous dans le boudoir, les hommes le verre de Cognac à la main, le cigare en bouche, les femmes papotant un verre de Portos dans un coin de la pièce. J.avoue que le Cognac était très bon, un peu trop sans doute, le mélange alcool, cigare me montant à la tête, je décidais de m’éclipser un court instant dans l’arboretum pour respirer et reprendre mes esprits.
Et c’est là que je la retrouvai, assise par terre en tailleur, seulement éclairée par la lumière étrangement bleutée de la lune, elle semblait plus pâle que d’ordinaire, en pleine méditation, j’hésitais à la déranger.
Ce fut elle qui rompit le silence
Approchez mon cher, vous me surprenez en pleine collation, je finissais mon repas
M’approchant je remarquais qu’il n’y avait aucun plateau, assiette ou bien encore couverte près d’elle. Je fronçais les sourcils
Un de ces fameux sandwichs prisés par la capitale ? Elle dut remarquer que je m’interrogeais
Ne cherchez pas très cher, je me nourris exclusivement de rayons de lune
L’alcool l’aurait elle troublée ?
Je remarquais alors qu’elle tenait à la main une sorte de cristal ou plutôt un quartz bleuté et très vaporeux.
Je pensais immédiatement que le verre de Cognac m’avait probablement beaucoup plus monté à la tête que je ne le pensais. Je la vis alors porter ce quartz à la bouche et le croquer à pleines dents. Sur la surprise je fis un pas en arrière. Quel était donc ce tour de magie là ? Ayant reculé, je remarquais alors que les rayons de Iune traversaient un point précis de l’arboretum, une sorte de lentille dans la verrière et qu’alors ces rayons semblaient prendre consistance. J’en restais pantois
Voulez vous goûter ? me dit elle.
Ma foi, pourquoi pas rétorquai-je
J’essayais, fasciné que j’étais, d’attraper un rayon de lune mais je n’y parvins pas bien évidemment
Elle éclata de rire, ce petit rire léger et cristallin qui nous ravisaient tous
Laissez, je vais en attrapez un pour vous
Lequel préfériez vous ? Les bleus profond ont un goût plus fort, les clairs sont plus sucrés ce sont mes préférés
Je me fie à votre jugement, choisissez pour moi
Sa main fine et délicate, d’une blancheur presque translucide attrapa un petit rayon à peine bleuté et je ne sais par quel prodige en cassa un morceau. Je le reçu comme l’on reçoit une hostie. Cela ne pesait rien, la consistance ressemblait plus à de la barbe à papa qu’a un cristal dur et froid.
Je le portais à ma bouche et en croquais un morceau.
Sensation étrange de légèreté, un arrière goût sucré. C’était exquis. Il y avait un je ne sais quoi, que je ne parvenais pas à définir, j’engloutissais rapidement mon morceau, un peu comme un chiot affamé, ce qui la fit rire à nouveau
Prenez garde me dit elle On y prend goût facilement, au point de ne plus pouvoir s’en passer
Vous ne voudriez pas devenir un enfant de la Lune quand même ?
Cette fois ce fut mon tour de rire
Mais je remarquais qu’elle ne plaisantais pas, elle avait ce regard mélancolique sur la lune et je remarquais pour la première fois que ses yeux étaient d’un bleu profond, son nez me semblait plus mutin que d’habitude et plus étrange, je remarquais que ses oreilles si douces, semblaient plus pointu qu’à l’accoutumée.
Ne vous inquiétez pas lui répondis je d’une voix grave et profonde
Nous continuâmes ainsi pratiquement toute la nuit, jusqu’au matin triste, blafard et humide.

Délire littéraire inspiré de mes rêves, écris par ma souffrance
De par moi-même

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