INTRODUCTION
« Fasse le seigneur, que ma main ne tremble pas au moment où j’écris ces lignes mais aujourd’hui à l’âge avancé qui est le mien et sur la fin de ma vie, je ne puis tenir plus longtemps ma langue sur les évènements terrifiants qui se sont déroulés en ce jour maudis du 6ème anniversaire de la chute de Montségur.
Je n’étais alors qu’un jeune prêtre fraichement nommé dans ce diocèse et après cette guerre qui mit la région à feu et à sang, j’eus toutes les peines du monde à m’y faire accepter et les évènements qui suivirent à mon arrivée ne firent que renforcer la méfiance des habitants.
J’arrivais au mois de septembre au village de Bram à plusieurs lieues de Montségur, une région difficile et aux habitants pauvres et rudes, méfiants à l’égard des étrangers, en particulier si ceux-ci sont des hommes d’Eglise.
Les premiers événements dramatiques se produisirent aux premières chutes de neige……….. »
CHAPITRE UN
De l’arrivée de la bête
« Les premières neiges étaient tombées toute la nuit, l’hiver s’installait enfin en cette veille du 21 novembre 1250, la nature s’était comme suspendue en attendant son heure. Le soleil venait de poindre à l’horizon et l’air était chargé de givre emporté par un vent glacial gelant les branches d’arbre et les quelques rares animaux qui n’étaient pas en hivernation. L’activité était si faible que les rares sons produits par la vie de la forêt se répercutaient en d’innombrables échos.
L’homme courrait à en perdre haleine. Depuis combien de temps courrait il ainsi ? Il ne le savait plus mais il savait que s’arrêter signifait sa mort, il les entendait tout près derrière lui à quelques mètres. Les loups ! Il entendait leurs jappements et leurs grognements désormais tout près, il pouvait même entendre respirer certains, combien étaient ils ? Il l’ignorait, mais les attaques sauvages qui avaient eut lieu dans la région laissaient supposer qu’il s’agissait vraisemblablement de tout une meute, au moins une vingtaine d’individus. Il avait eu la chance d’en apercevoir 4 alors qu’il travaillait à faire du bois pour le reste de l’hiver, c’est ce qui lui avait sauvé la vie en évitant d’être surpris par l’attaque
Malheureusement l’homme n’avait pas l’endurance des loups, et la fatigue faisant, il culbuta en avant lorsqu’il se pris les pieds dans une racine d’arbre traîtresse dissimulée par la neige fraiche. L’homme s’étala de tout son long alors que derrière et tout autour de lui des grognements de joie se faisaient entendre; l’homme tenta de se relever le plus rapidement possible mais n’y parvint pas, la dernière chose qu’il vit en ce monde de misère de l’an de grâce 1250 fut l’éclair blanc de crocs puissants qui se plantaient dans sa gorge ainsi que le regard rouge d’un grand loup noir, puis, les ténèbres l’engloutirent.
Son cadavre ne fut découvert que quelues jours plus tard, à la fois dévoré par les loups et les corbeaux; le corps était si abimé que nous dûmes l’enterrer en toute hâte et à partir de cet instand les attaques s’enchainèrent de manière régulière. La seconde attaque eut lieu le jour même de l’enterrement, deux petits berger, deux frères qui rentraient de l’école, Nicolas et Paul.
L’ainé avait dû tenter de défendre son frère, son bras gauche armé d’un bâton, défense dérisoire, avait été arraché; mais il avait très certainement fait mouche car du sang et des poils gris furent retrouvé sur le bâton. Hélas, cela avait dû déchainer la rage des loups car ils avaient atrocement mutilé les deux petits corps avec une violence et un sadisme extrêment génant et troublant pour de simples bêtes.
Cela pertuba énormement le petit village, chez ces gens simples imprégnés de traditions, de superstitions et d’une foi forcée, l’inquiétude et le terreur se fit grandissnte, on commença à parler de malédiction, de maléfices, de sortilèges ou même de sorcèlerie, et bien que personne n’osait prononcer ces mots, l’intervention du malin, était dans tous les esprits. Leur Méfiance à mon égard se faisait de plus en plus grande car je ne pouvais en tant que prêtre, n’avoir aucune part de responsabilité; là où il y a un curé, le diable ne pouvait être bien loin et de fait, ma position, déjà précaire de part la récente guerre, devint de plus en plus difficile.
_ Vous devez prévenir les autorités mon père ! Hurla l’un des villageois en colère.
_ Faites venir le Prévost ! Cria un autre
Il n’était guère qu’une quinzaine face au jeune prêtre que j’étais mais leur fureur n’étaient pas feinte et ils étaient tous armés de bâtons et de fourches ! Le plus virulent du groupe fut le père des enfants, Jean :
_ Vous savez surement quelque chose ou bien vous avez une explication . Qui sait vous y êtes peut être pour quelque chose ! Le Pape lui-même n’a t-il pas usé de sorcellerie pour gagner la guerre, dit il dans une colère Froide.
Je ne répondis pas à la provocation mais en même temps, je ne pouvais laisser passer une telle insulte.
_ La colère et la douleur t’égare, Jean, répondis je calmement, cela ne te ressemble guère de blasphémer ainsi.
_ Votre seigneur a rappelé à lui mes deux petits, répondit il le visage tordu de colère.
Il vallait mieux ne pas insister d’autant que la foule protesta avec lui. Il était inutile de débatte avec ces gens ivre de douleur et de colère, cela pouvait tout à fait touner au lynchage, surtout que je n’étais pas un enfant du pays mais un étranger et un prêtre de surcroit. Tout ceci ne plaidair guère en ma faveur.
_ Très bien ! Qui ira chercher le prévôst demain ?
Un lourd silence se fit.
_Je n’ai plus rien à perdre, dit Jean, j’irais !
Sa femme s’englota.
_On ira avec toi, dit un homme en s’avançant avec 3 autres.
Des femmes protestèrent.
_Silence tous ! Hurla Alban le chef du village. Jean, tu iras avec Vincent, Lucas et Numa chercher le Prévost et vous mon père, vous écrirez une lettre pour expliquer notre situation et demander de l’aide. Est ce que tous le monde est d’accord ?
Aucun signe de protestation, chacun garda le silence n’osant pas contesté l’autorité d’alban.
_Mon père dit il, on compte sur vous ! Vous autres ! Rentrez chez vous !
La foule se dispersa, chacun retournant à ses occupations.
CHAPITRE DEUX 1ère Partie
Le Prévôt
Les hommes partirent dès le lendemain aux premières lueurs du jour. Il leurs faudrait bien plus d’une bonne journée à cheval pour rejoindre le village où se trouvait le prévôt car ils partirent à pieds accompagner d’une mule. D’ailleurs malgré la distance, ils atteignirent les premières fermes qui composaient le domaine du prévôt qu’à la tombée de la nuit de la deuxième journée, et s’ils l’avaient voulu, ils n’étaient qu’à une journée de Foix et pouvaient demander de l’aide directement au seigneur de Foix mais il leurs aurait fallut marcher une nuit de plus. Puisque le seigneur aurait de toute façon mandé le prévôt car celui-ci représentait l’autorité judiciaire du Roy, il était aussi bien de demander audience directement à l’intéressé et flatter son égo, il n’en serait que plus susceptible de répondre favorablement à la supplique des villageois.
Le prévôt n’était guère apprécié par les gens du pays. C’était un choix politique du Roy que d’avoir nommé juste après les guerres de religion cet homme du nord qui s’exprimait sans l’accent des gens de la région. Malgré qu’il eut fait l’effort d’apprendre la langue locale officielle, l’occitan, sa dureté et son mépris n’avaient d’égale que son ambition et sa soif de pouvoir. Même le seigneur de Foix se méfiait de lui et évitait autant que possible, tous conflit avec ce parvenu.
Les hommes frappèrent à la première ferme où ils furent, malgré les vicissitudes de l’époque et de la région, bien accueillis, tradition occitane et paysanne oblige, car même si la guerre était passée par là et si l’hérésie cathare avait été balayée, il restait toujours une sorte d’entraide face à l’adversité. Un bon repas chaud plus tard et les hommes s’endormaient dans la grange avec leur mule. Ils furent reveillés le lendemain par le fils du fermier qui les conduisit directement à la maison du prévôt.